LE VIOLONISTE
La neige tombe, la lune s'ennuie
Les notes pleurent comme la pluie
Le morceau, sans faire un seul bruit
Se fond, tel une ombre, dans la nuit
Il fait glisser son archet sur les cordes usées
Qui, pareilles à sa vie, sont prêtes à céder
Pourtant, insouciant, il joue sa musique
La vie lui importe peu si elle n'est pas onirique
Le violon pleure, dans Londres, quelques notes
Créant un morceau dont peu importe la sorte
Car qu'il soit une Fuite, ou quelconque Requiem
Ce soir il sera triste, car c'est ainsi qu'il les aime
Sur un toit, il contemple de haut, les rues éclairées
Ici il fait noir, il ne peut rien illuminer
Toujours le violon, de sa musique déchirante
Emplit les rues et, comme un fantôme, les hante
Même ce bruit de cavalcade ne le fait ciller
Impassible, il ne bouge pas et continue à jouer
Peut-être qu'il sait que c'est la fin, que la mort arrive
Car il attend l'assassin, avec une patience maladive
On ne sait s'il souhaitait la mort, en tout cas il ne voulait plus la vie
Il n'eut aucun remord, lorsqu'il sombra en silence dans l'oubli
L'on sut par contre que le trépas survint quant il toucha le sol
Il n'avait pas d'ailes pour voler, il n'avait qu'un Si bémol
La faucheuse apporte au garçon étendu sur le pavé sale
Tant de réconfort, que la mort n'est plus un mal
Ses cheveux blancs sont souillés de sang, qui ne veut partir
Le violon s'est brisé en milliers d'éclats et de Soupirs
Il sourit, pour la dernière fois, d'un sourire trop rouge
La mort le regarde, alors il succombe, et plus ne bouge
Ses yeux carmins s'accordent trop bien à son fluide vital
Mais c'est tant de réconfort que cà ne fait plus mal
La neige tombe toujours, la lune toujours s'ennuie
La mort pleure des larmes d'envie
Le violoniste, sans faire un seul bruit
S'est fondu, tel une ombre, dans la nuit..